Le monde des geeks

Il y a encore quelques années en arrière, il n’était pas très glorieux de se faire appeler « Geek ». Ce terme, qui s’opposait à celui de « Jock », trouve des origines dans l’univers shakespearien. Toutefois, le stéréotype s’est figé dans les années 1960-1970. Dans une étonnante révolution sociale et culturelle, les geeks, autrefois considérés comme des loosers, ont fini par se normaliser, voire même par acquérir un statut enviable.

Autrefois moqués pour leur passion pour les sciences, la technologie et les univers imaginaires, ils ont aujourd’hui pris leur revanche. Dans ce billet, nous vous plongeons dans la fascinante transformation des geeks dans la culture populaire, passant de la marginalisation à la célébration.

Construction de la figure geek

L’histoire des geeks remonte plus loin dans le temps qu’on pourrait quelquefois le penser et notamment aux États-Unis des années 1960-1970. À cette époque, « geek » ou « nerd » était pratiquement une insulte ou disons au moins, un terme fortement connoté péjorativement. Il renvoyait à un bon nombre de clichés comme celui d’un élève doué à l’école, particulièrement apprécié des enseignants, mais pas vraiment de ses camarades.

Le geek devait aussi éprouver des difficultés avec les relations amoureuses. Il était un peu la figure de la lose et l’opposé du « jock » qui, lui, correspondait à l’image de l’étudiant sportif et populaire. Ces deux constructions américaines ne sont pas si éloignées que ça des réalités européennes mais on peut noter qu’à l’importation du terme en France, il s’est tout de suite doté d’une identité propre.

Même si l’opposition des «geeks » aux « jocks » est un produit de la fiction, il n’en demeure pas moins qu’elle s’est inspirée de ce qui se déroulait dans les établissements scolaires aux États-Unis. Le plus exceptionnel dans l’histoire, c’est le tournant qu’a pris cette appellation dans le monde entier, 20-30 ans après son apparition.

Avènement de l’ère informatique et prise de pouvoir

Avec l’explosion de l’ère informatique et de la culture populaire, les geeks vont commencer à gagner du terrain. Les premiers ordinateurs personnels et les jeux vidéo ont attiré l’attention du grand public. De ringards obsédés de technologie et d’informatique, les geeks ont même commencé à occuper des postes clés dans des entreprises innovantes, et leur expertise technique est devenue précieuse.

À la sortie des années 60-70, va émerger la contre-culture geek, portée par des icônes emblématiques comme Steve Jobs et Bill Gates. Les évènements dédiés à la science-fiction et aux jeux vidéo ont proliféré, offrant aux geeks un espace pour se connecter et se sentir acceptés. Peu à peu, la culture geek a acquis une identité.

Deux décennies après qu’il soit popularisé, le terme geek n’est plus une insulte, mais désormais une nouvelle norme. Dans la Silicon Valley, de nombreux individus s’identifient comme étant geeks, cela est devenu banal, voire même revendiqué. Autrefois, raillés et marginalisés, ils sont aujourd’hui admirés pour leur intelligence, leur créativité et leur capacité à repousser les limites technologiques. Les geeks sont devenus des modèles pour de nombreux jeunes aspirant à suivre leurs traces.

Aujourd’hui, qu’il suffise à un citoyen de passer quelques heures sur les réseaux ou sur internet par jour, sur un ordinateur ou sur un smartphone pour qu’il se déclare au moins un peu geek. Le terme est un peu devenu fourre-tout et les nouvelles technologies sont tellement entrées dans nos vies que tout le monde se sent un peu geek. Le vrai geek sait que c’est n’est pas le cas. N’est pas geek qui veut.